Celui qui faisait du bien
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La conquête de la population restait le véritable enjeu d'une course pleine de handicaps et de chausse-trapes. Un combat sans merci se livrait poussant le F.L.N. à incendier les écoles françaises et les militaires à interroger durement une population aidée par le F.L.N. La guerre révolutionnaire l'exigeait ainsi. L'ennemi mutuel était celui qui « faisait du bien » : le chef de S.A.S. humain, révolté par les conditions de vie des musulmans, et les doctoresses comme Nefissa Hamoud.
Celle-ci en était réduite à donner des consultations par personne interposée. Un infirmier A.L.N. n'attirait pas l'attention de la population tandis qu'une doctoresse ne passait pas inaperçue. On la remarquait. On l'entourait. On allait en parler et les militaires de la S.A.S. le sauraient le lendemain et la prendraient en chasse. Elle devait consulter à la sauvette. Pendant que l'infirmier soignait les. adultes, elle prenait un gosse dans ses bras et faisait semblant de le bercer. Discrètement elle tâtait la fontanelle, le ventre, écartait les paupières et glissait en douce à l'infirmier : Dis aux parents de faire ceci ou cela.
A l'automne de 1957 la répression se durcit. Des zones furent vidées et interdites. Des populations entières déplacées et parquées dans des camps de regroupement. Celles qui restaient dans leurs villages étaient sans cesse contrôlées. Elles devaient coopérer. Nefissa Hamoud, de passage dans un village avec un petit commando de la zone, se vit amener un gosse qui portait au front une plaie profonde. Il fallait agir. Elle se découvrit, tira sa trousse, désinfecta la plaie et posa des agrafes. Soudain ce fut l'alerte : un ratissage. Tous les habitants de la mechta allaient être examinés, interrogés, les gourbis fouillés. Que les soldats s'aperçoivent que l'enfant venait d'être soigné et le douar risquait d'être massacré. Dans la région d'Amirouche la répression était devenue sauvage. Alors Nefissa Hamoud, pédiatre, arracha les agrafes au gosse hurlant, le rendit à sa mère affolée et se sauva en promettant de revenir.

Après quelques mois de cette vie implacable, Mostefa Laliam ne se reconnaissait plus. Il avait opéré sans anesthésie, amputant avec une scie à métaux ! A la surprise du médecin tout s'arrangeait grâce à la pénicilline qui faisait des miracles sur ces organismes qui n'y étaient pas habitués. Mais il y avait les cas de conscience, tel ce djoundi devenu fou furieux qui risquait par ses hurlements de faire découvrir les caches ou les hôpitaux souterrains. Fais-moi un certificat comme quoi il est fou, demanda le chef de zone, et je le fusille. On ne peut ni le garder ni le renvoyer dans son village où il dira tout. Et Laliam avait signé le certificat.
Il y aura pourtant plus grave. Des femmes violées au cours d'un ratissage se trouvèrent enceintes. Elles demandèrent à se faire avorter. Le commissaire politique de la zone refusa.
 Mais elles ont été violées au combat, insistèrent les médecins.
Et qui nous dit que ce n'est pas le copain d'à côté ou un amant de passage ?  rétorqua le commissaire politique, méfiant par principe à l'égard des   femmes. Laliam insista et obtint gain de cause d'Amirouche.Mais ce fut le début d'une crise qui ira croissant dans tous les maquis : la méfiance innée qui opposait les maquisards, pour la plupart habitants du bled, aux intellectuels venus des lycées et des universités de la ville. Elle allait provoquer la plus effroyable épuration intérieure au cours de l'année 1958.

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